BlueLife #29

FIN DE PÉNITENCE POUR KOFFI ?
J’étais encore jeune journaliste dans la presse écrite quotidienne quand survint le drame. C’était un 03 Mai. Le 03 Mai 2003 plus précisément. Près d’une vingtaine de Béninois avaient fini à la morgue alors qu’ils voulaient légitimement s’offrir le plaisir d’une prestation du Roi du Tchatcho, le Quadra koraman, le grand Mopao, Koffi Olomidé. J’avais consacré, en son temps, un papier enflammé au drame et je me souviens, comme si c’était hier, de l’immensité du choc dans la société béninoise.
Pour mieux expliquer certains aspects de la réaction radicalement olomidephobe des Béninois depuis ce 03 mai de funeste mémoire, comprenez que le Bénin, à l’époque, c’était moins de dix millions d’habitants. À peu près la moitié de la population de Kinshasa. Tout le monde ici connaît presque tout le monde et les ondes de choc traversent donc le pays à une vitesse qu’on ne peut imaginer lorsqu’on vient d’un pays de 80 millions d’habitants. Chacun des 17 morts de ce soir-là était lié d’une façon ou d’une autre à toute la communauté nationale.
Mais venons-en au débat. Que reproche-t-on à Koffi dans ce drame, puisqu’il n’était pas organisateur dudit spectacle et que le dispositif sécuritaire ne relevait pas de sa responsabilité? La froideur de sa réaction. Ce détachement inhumain. Et pour tout dire, un inadmissible manque d’empathie pour toute la société béninoise endeuillée. Les nombreux Béninois qui l’adulaient alors ont été outrés par cette attitude totalement inattendue de la part de l’une des plus grandes stars de la musique africaine contemporaine.
La suite ? L’organisateur du spectacle s’était retrouvé en prison et avait même frôlé le dépôt de bilan. Koffi, lui, était retourné chez lui et avait poursuivi sa carrière le plus naturellement du monde. Mais les Béninois, eux, l’avaient blacklisté. Ad vitam ?
Les années sont passées. Deux décennies déjà. Les plaies ont été pansées. En face, Koffi Olomidé a multiplié les déclarations de contrition. Il a répété, à l’envie, son engagement à se rattraper vis-à-vis du public béninois. Il saisit toutes les occasions pour nous dire ses remords.
L’heure serait-elle enfin venue de faire avancer l’horloge? Devrait-on continuer de faire fi de Koffi ?
Tiburce ADAGBE