BlueLife #39

Alors on danse ? DJ, Volume !
Ce 21 juin, la musique résonnera partout dans le monde et surtout sur notre continent, l’Afrique, terre d’origine d’une multitude de rythmes et de sonorités. Sur mon continent, la musique est la première forme d’expression de plusieurs instants de vie. La création est abondante ; nos artistes inspirés, passionnés et talentueux. Les preuves sont là : plus de 80 millions de dollars pour le marché du streaming rien qu’au Nigeria. L’afrobeats régente et règne en maître. Cependant il, y a un bémol ; baissons le volume. Oui, un bémol que la pandémie de la Covid 19 est venue mettre au grand jour. Elle a réduit les possibilités de festivals et intensifié la consommation numérique. Conséquence : le streaming a compté pour 65 % du total des revenus mondiaux ; dévoilant ainsi les faibles portions réservées aux artistes et nous mettant face à nous et nous prenant de court face à nos défis technologiques.
Par ailleurs, sur cinq exemples de succès musical en Afrique, plus de trois sont anglo-saxons. Autrement dit, le marché d’Afrique francophone est à la traîne et les artistes qui nous font danser ne vivent pas pleinement de leurs œuvres ; et c’est cela la vraie problématique.
DJ, Dosé,dosé…
La solution à mon humble avis consistera à regarder la musique comme un produit avant tout ; à y mettre une réflexion Stratégique et à la développer comme cela se doit en fonction de l’orientation retenue dans nos contrées francophones.
Nos artistes d’inspiration moderne …
Vous êtes talentueux mais au-delà de tout, pourquoi produire des œuvres pour une audience restreinte face à une population de plus en plus jeune et forte de plus de 800millions de smartphones, outils numéro un d’écoute, de partage et de distribution de vos créations ? Il est possible de rester dans les tendances et d’enchaîner les tubes tout en étant ancré à ses valeurs culturelles. Les exemples sont là. Davido a surfé sur la vibe Amapiano en gardant l’âme NAIJA dans Timeless, son dernier album.
Notre classe politique …
La réponse aux défis de la musique africaine est multidimensionnelle. Cela touche à la non-conformité des modèles de gouvernance, à la qualité des accords commerciaux, à la formation, au manque d’infrastructures, au piratage et à la juste rémunération de nos artistes. L’Afrique n’a jamais été aussi courtisée et les majors venus de l’occident sont à regarder de la bonne façon. Ils ne sont pas sur nos continents pour faire du social mais du business ; et il est crucial de mettre en place le bon modèle économique afin d’éviter une nouvelle forme de colonisation douce ; la conséquence ne sera pas juste une fuite de capitaux mais pourrait être aussi une transformation négative de nos cultures. Mettez en place des politiques mettant l’œuvre et l’humain au centre.
Nos acteurs de l’industrie musicale…
Au-delà du Développement de plateformes locales, mettez la coopération au cœur du business. Mais, avant tout, intéressons-nous à l’intelligence économique du secteur de la musique africaine. Le manque de chiffres et de données statistiques sont chroniques et rendent quasi impossibles l’évaluation de l’état réel du potentiel en face de vous. Je ne finirai pas ces lignes sans faire part de mon admiration profonde pour tous les artistes et acteurs africains de la chaîne de production musicale qui donnent tout pour que triomphe le rythme. Continuez de nous faire vibrer.
Dj, pousse le son
Bonne fête de la musique.
Hervé DASSOUNDO
Head of Marketing [Confédération Africaine de Football]