BlueLife #32

Retour à la vie : Attention aux excès !
De 2020 à 2022, durant ces longs mois qui ont été de véritables ruptures temporelles, nombreux se sont retirés de toute vie sociale de gré ou de force.
Nous avons repensé la vie et avons probablement pris la mesure de notre impact individuel sur le monde.
Le secteur culturel comme beaucoup d’autres a été durement impacté et c’est à peine qu’il n’est pas en morceaux sous nos cieux.
Je discutais en fin d’année dernière avec un artiste musicien de chez nous qui n’arrêtait pas de se plaindre : ‘’ Ça ne va pas ounfo, Covid a tout mélangé. Y’a plus de spectacle dans le pays…’’ Je ne l’ai pas laissé finir son élégie car je connais bien le sujet. J’ai été aussitôt envahi d’un sentiment de tristesse doublé d’une série de questions auxquelles je m’emploie depuis lors à chercher des réponses.
C’est vrai que la Covid a « tout » foutu en l’air. Dans notre environnement africain, même si certains pays se sont montrés moins prudents que d’autres, en continuant à organiser des spectacles, la vérité c’est que dans un gros général, tout était au ralenti. Entre les annulations à répétition et les programmations reportées, il fallait bien vivre d’incertitudes. Et nos artistes qui ne vivent que de leur art devaient bien se trouver une parade pour monter au podium des « résilients malgré tout » : ils ont bien une image à sauvegarder.
Le deuxième semestre de 2022 nous a ouvert les portes d’un retour à la normale ou presque. J’espère que nous avons tiré leçon de ce passage à vide où tout pouvait s’écrouler. Dans cette vie il n’y a pas d’acquis et nous en avons eu la preuve à nos dépens.
Nous voici si près de 2023. Ma seule inquiétude c’est notre nouvelle posture. Nous faisons tout comme si tout était redevenu normal.
Avons-nous pris les bonnes résolutions individuellement et collectivement pour l’avenir? Car de peur de revivre un retour de la pandémie, je vois déjà certains parmi nous abuser de tout en cette fin d’année. Faisons attention car le phénomène ‘Fomo’ (‘Fear of missing out’), soit la peur de rater quelque chose, peut nous emporter dans son cycle infernal. Une sorte de boulimie sociale où on ne veut rien remettre à demain. C’est la preuve que nous ne sommes pas encore totalement remis du Corona virus. Restons modérés!
Jerry Sinclair
Funder & Directeur de Création chez Jerry Sinclair Bespoke