Un dernier tchatcha puis s’en va
Ce n’est pas une chanson de rupture.
C’est un morceau d’histoire.
Ce 1er août 2025, comme les précédents, a charrié avec lui ses décors familiers : défilé militaire et paramilitaire, parade aérienne et motorisée, fanfares, prestations artistiques, un véritable frisson collectif qui accompagne chaque fête nationale. Une occasion pour le peuple béninois tout entier d’exprimer son attachement aux symboles du pays (le drapeau, la devise, l’hymne, le sceau, les armoiries et les institutions, etc).
Mais cette année, la partition a une note particulière.
Ce sera la dixième et la dernière pour l’homme de la rupture. Un dernier tchatcha sur la piste de la Place de l’indépendance, (l’esplanade de l’Amazone) avant que d’autres pas ne s’écrivent sur la scène politique.
Ainsi, derrière cette liesse populaire, cette ferveur patriotique unique, se joue une autre scène, celle politique. Alors oui, on danse. Mais cette fois, en conscience.
Conscience du temps qui passe, des pages qui se tournent, et de la symbolique profonde que revêt chaque célébration de l’indépendance.
Une dernière danse officielle, une transition en coulisses…
Ce n’est pas la première fois qu’un président s’apprête à vivre son dernier 1er août. Mais cette fois, peut-être est-ce nous qui avons changé.
Peut-être sommes-nous devenus plus attentifs à ces moments de bascule, à ces fins de cycle que l’Histoire ne souligne qu’après coup ?
Le défilé devient alors plus qu’une cérémonie : une scène vivante où s’expriment nos espoirs, nos clivages, nos projections.
Mais derrière les uniformes impeccables et les discours bien rodés, il y a le peuple.
Ce peuple qui regarde et qui doute peut-être. Ce peuple qui analyse et surtout qui doute.
L’indépendance, encore et toujours à conquérir ?
Chaque fête nationale est une invitation à réinterroger notre liberté.
Que signifie être indépendant, quand on est jeune, créatif, connecté, critique ?
L’indépendance ne se limite plus à une date ou à un drapeau. Elle s’incarne dans notre manière de penser, d’aimer ce pays, de créer et d’oser.
Car aujourd’hui, on célèbre aussi avec style, audace et réinvention :
- Les créateurs transforment le pagne officiel en manifeste.
- Les jeunes remixent les symboles à coup de réels et de punchlines.
- Les artistes peignent, slament ou filment un Bénin en mouvement, qui refuse l’immobilisme.
Et si c’était ça, le vrai tchatcha ?
Celui d’une génération qui ne se contente pas d’applaudir mais qui compose sa propre version de l’indépendance.
Danser avec l’Histoire… et écrire la suite
Alors oui, allons-y.
Dansons ce dernier tchatcha présidentiel avec élégance, avec fierté.
Célébrons nos 65 ans avec le cœur léger mais la tête bien ancrée.
Car si la musique ne s’arrête jamais, c’est à nous de décider du prochain tempo.
Un tempo qui rassemble, qui élève, qui nous ressemble.
Un tempo indépendant, exigeant, et toujours… vivant.
Djamila IDRISSOU SOULER
Consultante en Marketing Rh
et Management des orgisations